COLLOQUE MÉDICO-SPORTIF 2002
Bourg St Maurice

Les Arcs


22/08/2002

Le risque sanitaire lié à l'environnement
dans la pratique du canoë ou du kayak
en Communauté européenne : aspects microbiologiques.


Alain HELUWAERT
docteur en médecine


Résumé :


Les répercussions sanitaires microbiologiques des activités nautiques de loisir en eaux polluées sont reconnues comme bénignes et d'une fréquence difficile à cerner. Mais pour les usagers, le risque subjectif, apparent, est plébiscité comme un réel problème de santé publique.

L'eutrophisation par les phosphates de nombreux lacs et plans d'eau fait émerger un risque sanitaire nouveau lié à la prolifération estivale de cyanobactéries allergisantes voire hépatotoxiques. Ce phénomène a son équivalent en mer avec les phénomènes "d'eaux rouges" pouvant propager des neurotoxines ou des entérotoxines thermostables et cause d'interdictions régulières de ramassage de la faune littorale.


La pratique du canoë ou du kayak ne saurait être assimilée à la baignade, du simple fait que, dans certaines disciplines, il y a immersion du corps entier ou ingestion accidentelle d'une quantité non négligeable d'eau. Il n'y a pas lieu, compte tenu de la modicité du risque, de prévoir une règlementation sanitaire microbiologique pour une pratique, sporadique dans le temps et l'espace, du canoë-kayak : une détection et une information adaptées aux risques locaux potentiels sont suffisantes. Par contre la sur-fréquentation massive tant dans le temps que de l'espace de certains sites de pratiques nautiques justifie une pression pour réduire les nuisances . Il faut que la qualité des eaux et les moyens pour l'obtenir satisfassent les usagers et soient règlementés : Stations d'épuration fonctionnelles, règlementation de l'hygiène, des accès et du camping, implantation de toilettes et de circuits d'évacuation des déchets.


Le risque d'anthropo-zoonose est dominé par la leptospirose, méconnue des médecins du fait de sa rareté, mettant en jeu la vie du sujet infecté s'il n'est pas rapidement traité. Le risque pathogène lié aux tiques en Europe du Nord et Centrale devient un réel problème de santé publique (maladie de Lyme, encéphalite à tiques d'Europe). La fasciolose hépatique, devenue anecdotique en France, ne l'est pas dans les régions ouest de la Grande Bretagne et de l'Irlande, visitées par des kayakistes marins aventureux. Enfin il faut savoir suspecter la trichobilharziose aviaire dans les causes d'une dermite estivale lors du bain ou de l'esquimautage dans les grands lacs alpins (lac Léman).


La révision de la directive européenne sur les eaux de baignade a pour objectif d'améliorer la qualité sanitaire des eaux destinées aux pratiques des loisirs. Il est à craindre qu'elle ne donne aussi des bases juridiques aux autorités locales qui, pour se couvrir, trouvent plus économique d'interdire les pratiques nautiques plutôt que de se donner les moyens d'assainir les eaux.