L'encéphalite à tiques d'Europe :

ni anecdotique, ni exotique

Extrait de : Risques particuliers de maladies infectieuses lors de la pratique du canoë-kayak en Europe. Alain Heluwaert, Vaires-sur-Marne ; colloque médico-sportif F.F.C.K. de Poitiers 1997

 

Il s'agit d'une maladie virale due à un Flavievirus (Tick Borne Encephalitis) tranmise par une morsure de tique (mai à octobre) ou l'ingestion de lait cru (chèvre, brebis, vache) ou de beurre non pasteurisé . Rare en France (30 cas en 20 ans en Alsace (Lorraine) et dans les Vosges (7,6% de séropositifs parmi les forestiers français), il en existe des foyers disséminés de la Suisse à la Russie (figure 5), notamment dans des régions où se pratique assiduement le canoë-kayak et où se déroulent de nombreuses compétitions dans nos disciplines. Certes les tiques ne nagent pas, mais elles affectionnent, comme les pagayeurs, les bords de rivière humides et buissonneux à souhait. Doivent donc être considérés à risque descendeurs et slalomeurs, ainsi que leurs supporters dont une partie du temps passe à crapahuter sur les berges des rivières, à fin de reconnaissance et d'encouragements. Le camping dans la nature à proximité des rivières rentre également dans les activités à risque (ainsi que ses activités annexes).

figure 5 : foyers d'encéphalite à tiques d'Europe

Après une incubation de 2 à 28 jours (en moyenne une semaine), elle évolue en deux phases, la première est un syndrôme grippal inconstant (60% des cas) plus ou moins intense d'une semaine auquel succède une rémission avec asthénie. La deuxième phase atteint moins du 1/3 des sujets quelques jours plus tard : reprise de la fièvre avec syndrôme méningé, troubles centraux (troubles du langage, obnubilation, convulsions, coma) et déficits moteurs plus que sensitifs (diplopie, paralysie pharyngée, paralysie faciale, parésies plutôt proximales et plutôt aux membres supérieurs. Diarrhée, myocardite, délire ont été rapportés. Ces troubles régressent spontanément, mais des séquelles peuvent persister : céphalées, troubles de l'humeur, difficulté de concentration, surdité ; des paralysies flasques séquellaires sont exceptionnelles (2 à 5%) de même que le décès (1 à 2%). En l'absence de traitement, la prévention est de rigueur, mais n'est pas applicable aux pagayeurs qui n'accepteront ni d'éviter les bords des cours d'eau, ni de porter des vêtements couvrants et chaussures fermées. Tout juste peut-on leur conseiller d'éviter les produits laitiers non pasteurisés ou non bouillis, et d'ôter au plus vite l'hôte indésirable après l'avoir anesthésié ou asphyxié. L'utilisation d'un répulsif peut-être proposé en sachant qu'il ne protège au mieux que 4h et est contre-indiqué chez la femme présumée enceinte (InsectÉcran adulte-peau à base de Diéthylméthylbenzamide) ; la Perméthrine (InsectÉcran Tissus ou Moustidose) peut servir à imprégner les vêtements, mais n'est sans doute pas très écologique puisque diluée dans l'eau elle est toxique pour les poissons.... (et contre-indiquée en cas de présomption de grossesse). La vaccination a été expérimentée en Autriche (65% de la population a été vaccinée) où l'hospitalisation pour E.T.E. est passée de 677 cas en 1979 à 77 cas en 91, dont 7 sujets vaccinés (pour 4 millions de sujets vaccinés). Tous les cas n'étant ni hospitalisés, ni déclarés et la campagne d'information ayant certainement favorisé les autres mesures préventives, il n'est pas aisé de conclure malgré des chiffres apparamment spectaculaires (6,7).

Références bibliographiques

6) Menot E., Canepa P., Marcelli J.M., Tillier D. : Encéphalite à tique d'Europe centrale. La Revue du Praticien - Médecine générale ; T 9 ; 1995 ; 319.

7) LRP. Vaccin méningo-encéphalite à tiques. La Revue Prescrire ; juillet/août 1997 ; 17 ; 175 ; 487-90.