MANIFESTATIONS CLINIQUES ORL ET VIRUS A TROPISME RESPIRATOIRE CHEZ LES KAYAKISTES DE HAUT-NIVEAU

BOURDIN H* MOUGIN F.* , MOUGIN C.** , SIMON-RIGAUD M.L.* , FERRY A.***, KANTELIP J.P.*, LAB M.**, RIEU M.***.

* Physiopathologie Respiratoire - Médecine et Biologie du Sport. CHU 25030 Besançon Cedex, France.

** Laboratoire de Virologie et Biologie Moléculaire, CHU 25030 Besançon Cedex, France.

*** Laboratoire de Physiologie des Adaptations. Université Paris V. 75014 Paris, France.

Les médias, les entraîneurs relatent fréquemment l'incapacité de certains athlètes à participer à une compétition ou à performer à un degré d'efficience élevé en raison d'une pathologie intercurrente de nature virale le plus souvent. Les interrelations entre le système immunitaire et les systèmes de régulation hormonale impliqués au cours de l'effort sont nombreuses, complexes et responsables de perturbations de l'immunité. Un entraînement intense associé au stress psychique de la compétition sont des facteurs suceptibles de favoriser l'apparition d'une pathologie infectieuse chez le sportif, le plus souvent d'une infection ORL où les virus sont majoritairement incriminés comme agent causal. L'incidence des manifestations cliniques touchant la sphère ORL apparait être importante chez le sportif. Celles-ci traduisent-elles toujours une infection ? Les virus à tropisme respiratoire en sont-ils si fréquemment responsables ?

 

Une étude prospective est menée d'octobre 1994 à juin 1995 sur un groupe de 38 sportifs (28 garçons et 10 filles) pratiquant le canoé-kayak à haut-niveau. Chaque mois, une enquête est réalisée à la recherche de l'apparition de manifestations cliniques évocatrices d'une pathologie O.R.L., des échantillons sanguins sont prélevés et destinés à la recherche d'une séroconversion concernant les principaux virus à tropisme respiratoire ainsi qu'une NFS et un profil protéique inflammatoire sont réalisés. Les titrages en immunoglobulines spécifiques intéressent les virus à tropisme respiratoire suivants : adenovirus, grippe A et B, parainfluenzae 1 et 3, VRS auquels il faut ajouter mycoplasma pneumoniae et les agents de la fièvre Q et de la psittacose.

Au cours de l'étude, 69% (74% des sujets de sexe masculin et 26% de sexe féminin) présentent des symptômes cliniques pouvant évoquer une affection des voies respiratoires hautes : symptômes touchant le nez (95% des cas), la gorge (46% des cas), les yeux (6% des cas). Dans 75% des cas, la symptomatologie locale est associée à des signes généraux : fièvre, désordres intestinaux, maux de tête, myalgies, arthralgies. De plus ces sportifs se plaignent d'asthénie et considèrent celle-ci comme secondaire à un problème médical (34%), de surentraînement (27%), à un excès de travail (23%) ou à un problème psychologique (16%).

Les infections respiratoires touchant la sphère ORL sont transmises d'un individu à un autre par contact direct ou indirect avec des sécrétions contenant des particules virales. Les facteurs communautaires jouent ici un rôle important : 83% des athlètes vivent en collectivité, 88% pratiquent un sport collectif, 97% fréquentent une salle de sport, 71% la piscine, 77% boivent dans une bouteille commune au cours de l'entraînement, 100% fréquentent un vestiaire et pratiquent une activité sportive en contact avec l'eau des rivières ou des lacs. Malgré des facteurs de transmission virale fréquents, les affections de la sphère ORL ne semblent que rarement liées à une infection virale (confère tableau ci-dessous).

Les atteintes de la sphère ORL sont fréquentes chez les sportifs et particulièrement lorsque l'entraînement est de volume et d'intensité élevés. Ces manifestations cliniques ont souvent été rapportées comme secondaire à une infection virale chez un sujet immunodéprimé, qui pratique une activité physique intense et répétée, et qui est exposé à un risque élevé de transmission virale.

Nous notons au cours de cette étude un faible pourcentage de séroconversion pour les virus et agents infectieux apparentés responsablent habituellement de manifestations cliniques ORL et respiratoires. D'autres virus (rhinovirus, coxsackies...) ou agents infectieux peuvent être incriminés, d'autres mécanismes inflammatoires et de nature non-infectieuse doivent également être pris en compte.

Titrage +
Séroconversion

Adenovirus

10.5%
0%

Influenzae A

8%
16%

Influenzae B

21%
0.8%

Parainfluenza 1

0%
0%

Parainfluenza 3

0%
0%

RSV

0%
0%

Q fever

0%
0%

Psittacose

0%
0.2%