Le point sur la leptospirose en 1996

(communication au colloque de Poitiers 1997)

Les travaux du centre national pour la leptospirose sur l'année 1996 (5) méritent qu'on s'y arrête :

- 1996 est une année record dans la déclaration de leptospirose.

Il y a une nette amélioration du diagnostic notamment hors métropole. Ce diagnostic est devenu plus rapide et plus fiable avec la généralisation de la P.C.R. (méthode d'amplification génique). Cette amélioration du diagnostic est fondamentale en zone tropicale pour permettre un diagnostic différentiel d'avec la Dengue. Elle n'est pas superflue en métropole où un certain nombre de cas restaient présomptifs.

- En métropole, on constate que cette recrudescence n'est pas liée à des facteurs climatiques, &emdash; la maladie étant favorisée par une saison estivale humide, ce qui n'a pas été le cas &emdash;, et un début d'explication est apportée par les à-côtés sanitaires du plan Vigie-pirates qui permet aux rats de trouver facilement une nourriture abondante.

Mais l'accroissement ne porte pas exclusivement sur les zones urbaines. On peut penser que certaines autres populations de rongeurs sont en développement, notamment le « cousin d'amérique », le ragondin dont la moitié des animaux piégés possède une réponse très élevée pour Ictero-haemorrhagiae avec de nombreuses co-agglutinines pour Australis et quelques autres répondent positivement à Grippotyphosa.

Notons également que la prévention de la leptospirose chez le chien ne porte que sur Canicola et Icterohaemorrhagiae et que 38% des animaux prélevés pour pathologie aigue en 96 (750) ont des taux positifs pour les séro-groupes non vaccinaux. Chez les bovins, porcins et les chevaux la maladie évolue sous forme chronique et les prélèvements faits dans le cadre d'une enquête étiologique essentiellement pour stérilité révèle 80% de positivité pour le millier de chevaux prélevés (prévalence Icterohaemorrhagiae : 54,8%) , et un quart à un tiers pour les 3600 bovins (27% sérogroupe Sejroe, sérovar Hardjo) et porcins prélevés. Sachant que les déjections animales vont actuellement directement dans les rivières…

- Pas de pic estival comme à l'habitude mais une répartition régulière de juin à novembre inclus (75% des cas).

- La répartition géographique va vers une extension. Aquitaine, Ile-de-France et Poitou-chatentes représentent 50 % des cas.

- La part due à Icterohaemorrhagiae s'est accrue

Icterohaemorrhagiae est en cause dans 43% des leptospiroses. La part de Grippo-typhosa est retombée à 10% pour 30-35% dans les années 87-88. L'extension de la maladie est donc bien due à Icterohaemorrhagiae ce qui confirme le rôle du rat dans cette évolution.

 

CONTRIBUTION A LA SURVEILLANCE DE LA LEPTOSPIROSE EN FRANCE EN 1997 par Baranton G., Postic D.